jeudi 24 janvier 2008

Le terrible Leviathan de la mairie centrale



A 62 ans, Claude Bertrand pourrait aspirer à une vie paisible de retraité. Bedaine en avant, cheveux poivre et sel, grosses lunettes et costume-cravate classique, l'actuel directeur de cabinet de Jean-Claude Gaudin pourrait partir à la pêche au large du Frioul après une vie politique bien remplie. Parce qu'en 40 ans de carrière politique à Marseille, Claude Bertrand a tout connu ou presque. Mais malgré les coups, malgré les ennuis judiciaires, il reste parce que c'est un drogué du pouvoir.


"Imbu de lui-même et colérique"

Claude Bertrand n'a jamais été élu et n'a jamais suscité les faveurs des suffrages, restant toujours fonctionnaire. Certaines mauvaises langues diront qu'il préfère l'ombre à la lumière, son orgueil démesuré ne supporterait pas une défaite des suffrages. Il forme en cela la partie obscure du maire de Marseille. Autant Jean-Claude Gaudin aime la tchatche pagnolesque et la scène politique, autant son directeur de cabinet aime la discrétion rassurante de son bureau municipal. Après tout, pourquoi se mouillerait-il quand le tout-UMP marseillais se presse chez lui pour obtenir son adoubement?
Car c'est lui qui décide de qui sera candidat ou pas et en quelle position. Souvent, la décision tombe comme un couperet, sans discussion possible, unilatéralement. Pour obtenir ses faveurs, il vaut mieux ne pas le contrarier et faire le poing dans la poche. Y compris pour les proches du maire de Marseille. Même Jean Roatta, "ami de 30 ans" de Gaudin, a du mal à en placer une avec Claude Bertrand, connu pour ses colères homériques et sa rancune tenace. Celui qui se le met à dos a du souci à se faire pour sa carrière.

Une fronde anti-Claude Bertrand?

Un élu de droite confirme: "il est impossible pour moi de prendre rendez-vous avec Gaudin sans passer par la case Bertrand. Il veut tout contrôler, tout voir, tout savoir pour mieux protéger le maire. Et devant lui, il faut faire carpette car monsieur voit tout, sait tout et contrôle tout. On est dans un rapport de maitre à élève. C'est pénible de se savoir épié à ce point là alors que je connais depuis si longtemps le Maire".
Avec cette gestion ultra-centralisée de la droite et en ces périodes de constitution de listes, pas mal d'élus de droite s'interrogent. Plusieurs d'entre eux n'acceptent pas de voir leur carrière politique être soumise au bon vouloir de Claude Bertrand et ne sont pas prêts de faire "carpette" pour obtenir au final une place de conseiller de secteur. André Varrèse, longtemps très proche de Jean Roatta, lui, a franchi le pas. Il a rejoint la liste Guérini, alors qu'il a aidé Roatta à se faire réélire député en juin 2007 et qui se dit sarkozyste convaincu. Avec lui, les prémisses d'une fronde anti-Bertrand?

Mes ennemis les journalistes

Claude Bertrand a une autre particularité: il hait les journalistes. "Les journalistes de gauche et même les journalistes de droite. Il les accuse de ne pas faire correctement leur métier, de mentir, de vouloir porter atteinte au maire. Je ne compte plus les coups de fils que j'ai reçu de Bertrand, juste pour me mettre la pression après un article paru" souffle un journaliste. Pire, Claude Bertrand n'hésite pas à leur faire la leçon, quand les propos vus ou entendus ne lui plaisent pas. Lors des dernières législatives, en pleine soirée électorale, il n'a pas hésité à convoquer dans son bureau la jeune journaliste de LCM pour lui indiquer ce qu'il fallait dire et ne pas dire à l'antenne. Et de lui dire qu'il ne supportait pas Michel Samson, journaliste plutôt de gauche présent sur le plateau de la chaîne locale. Manière de mettre la pression. Le Léviathan de la mairie veut aussi contrôler les médias locaux et parfois nationaux (mais avec moins de succès). Et la liberté de la presse dans tout ça? Tant pis pour elle, pour protéger le Maire de Marseille, tous les moyens sont bons.
Cette volonté de mettre au pas les journalistes vient sans doute de l'affaire Saincené où Claude Bertrand s'est retrouvé dans la position incorfortable de l'accusé sous les yeux avides des caméras. Pour en savoir plus sur cette affaire:
http://www.humanite.fr
http://www.ina.fr







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