samedi 1 mars 2008

Quelle stratégie maintenant pour Jean-Claude Gaudin?


Les sondages, ah ces p*tain de sondages! Voilà qui vous abattent un homme au sommet de sa forme, qui vous mettent le doute sur votre réélection... Jean-Claude Gaudin est vraiment au plus mal en ce moment. Il ne peut plus compter sur Jean Roatta ("ce con" selon le mot d'un collaborateur du maire), Jeannot s'est fait torpillé tout seul par le SCUD Mennucci, sûr de lui et de ce qu'il avance, comme s'il connaissait depuis toujours le 1/7 comme sa poche (en fait il s'est super bien fait briefé par André Varrèse, Sarkozyste convaincu rallié en décembre au camp Guérini). Gaudin ne peut plus compter également sur Valérie Boyer, trop à l'étroit entre la baronne Andrieux et le facho Stéphane Ravier "Elle s'aperçoit enfin qu'elle n'est pas dans un secteur facile nous glisse une huile UMP. Le 13/14 c'est quand même un secteur verrouillé par Andrieux avec l'argent de la Région [NDLR: Sylvie Andrieux est la vice-présidente de la Région PACA]. Et puis la Boyer, elle pensait battre Andrieux comme elle avait battu Masse, ce n'est pas aussi simple, elle s'en aperçoit maintenant". Le 13/14 était secrètement l'objectif de Gaudin. Avec la baisse de Sarko et la remontée du Front, le maire est obligé de réduire sa voilure. 1/7 perdu, 13/14 perdu, il ne reste au maire de Marseille que le 4/5, où là aussi Guérini et Muselier procèdent à un collé-serré.

Communiquer

Alors quelles solutions pour Jean-Claude? Le maire de Marseille rêve secrétement de refaire le coup de Defferre, c'est-à-dire gagner la mairie avec moins de voix que son adversaire. Oui mais comment? D'abord en entrant franchement dans la campagne, en payant de sa personne, en oubliant pour 15 jours qu'une campagne c'est très fatigant pour un homme de 68 ans dépassant allègrement les 100 kilos. Il va falloir se bouger! En interne, Claude Bertrand, l'éminence grise de Gaudin depuis 40 ans, est mis sur la touche. On lui reproche de ne pas avoir vu venir le décrochage de Sarko dans les sondages et d'avoir trop longtemps freiné pour partir en campagne. Aujourd'hui, il semble que ce soit Marc Vanghelder qui tienne la barre.
Qui est cet homme? Marc est en quelque sorte le Spin doctor de Gaudin, un communicant qui suit le maire depuis son entrée au Sénat en 1989. Petites lunettes rondes, costumes impeccables, Marc a pris depuis quelques jours les choses en mains pour donner un nouveau souffle à la campagne de Gaudin. Première obsession, arrêter de s'engluer dans le bilan. Personne ne s'est fait réélire sur un bilan (n'est-ce pas Lionel Jospin) alors il faut mettre le paquet sur les projets. Certes, encore faut-il qu'il y en ait des projets... Deuxième point, il faut refaire des affiches, celles en place sont trop dénigrées. Pas de logo UMP (les sarkozystes sont perdus) et des photos d'américains pour illustrer la diversité marseillaise. Problème, le camp gaudin n'a plus de sous pour refaire faire des affiches. Parce que les géodes aux quatre coins de la ville, les plasmas, les apéros, c'est bien beau mais ça coûte cher...

Se Droitiser

Mais la grosse discussion porte sur le discours à tenir pendant ces 15 derniers jours. Et cette problématique: ne faudrait-il pas droitiser le discours, eu égard à un Front national qui monte? Quelques sorties à l'emporte pièce pourraient stopper ou du moins diminuer l'hémorragie d'électeurs vers le FN. Mais là-dessus, Gaudin semble hésiter. Depuis 1988, dealer quelque chose avec le FN semble tabou chez le maire de Marseille. Et il hésite même à tenir des discours droitiers, pour ne pas être soupçonné de draguer cet électorat là. Il essaye quand même, utilisant le terme "socialo-communiste" (comme Le Pen en son temps) pour parler de l'équipe Guérini. C'est trop prudent malgré tout, pour faire revenir dans son camp les électeurs partis chez Stéphane Ravier.
Perdre la mairie ou perdre la face, c'est le dilemme chez Gaudin en ce moment.