lundi 28 janvier 2008

A quoi joue Guy Tessier?


C'est vrai qu'il se serait bien vu ministre le Guy après les législatives de 2007. A la défense pourquoi pas, puisque c'est son domaine, son dada, sa marotte depuis qu'il est président de la commission de la défense à l'Assemblée Nationale. Las, le député-maire de secteur, à bientôt 63 ans, a raté le coche.

"Concentrons-nous sur la campagne électorale avant de nous partager les places"

Et puis voilà, badaboum!, voilà que Guy Tessier revendique maintenant le poste de premier adjoint en lieu et place du fatigué et fatigant Renaud Muselier. C'était le 20 décembre dernier sur le plateau de La Chaîne Marseille. "Ce qui m'intéresse c'est de pouvoir jouer un rôle qui puisse être une plus-value pour la ville et pour les Marseillais... De toute façon, il n'y a aucun problème entre Renaud et moi. Donc les choses se feront dans la concorde et dans l'amitié". Concorde et amitié quand on connaît les deux lascars, on ne peut que rigoler.
Alors pourquoi cette annonce? Pourquoi Guytou monte-t-il au créneau? Selon la presse locale, Tessier veut mettre la pression sur son frère ennemi Gaudin pour que celui-ci le recommande auprès de Sarkozy afin d'obtenir le maroquin ministériel tant désiré. Soit. L'explication est plausible.

Calife à la place du calife?

Mais sans doute, Tessier a une autre idée derrière la tête. Son secteur est un de ceux qui fournit le plus grand nombre de conseillers municipaux. Sa copine Valérie Boyer (celle qui a débarqué le socialiste Christophe Masse de son siège de député en juin 2007) convoite le 13/14, lui aussi grand pourvoyeur en conseillers municipaux. En cas de victoire de Boyer, les "Tessiéristes" formeraient un groupe conséquent au conseil municipal. Guy Tessier aurait donc les moyens de revendiquer la place de premier adjoint.
Dernier point. Dans les milieux autorisés, on chuchote que, même en cas de réélection en mars, Jean-Claude Gaudin n'ira pas au terme de son nouveau mandat car JC se verrait bien présider le Sénat, une sorte de retraite tranquille. Et qui serait alors Maire de Marseille? Le premier adjoint pardi!!!
En tout cas Guy Tessier sait calculer: soit il est ministre soit il prend la place de Gaudin, lequel souffrirait bien plus que lors de ses crises de goutte (ah bon vous n'étiez pas au courant?).
Enfin, il y a quand même un détail de taille: il faut que Boyer gagne contre Sylvie Andrieux, ce qui n'est pas fait tant la blonde socialiste tient son secteur.


Bouquin contre Bouquin

N'en déplaise à ceux qui n'aiment pas Internet, la web campagne et ses videos 2.0, les municipales marseillaises se jouent aussi dans les librairies.

A gauche, Jean-Noël Guérini a dégainé le premier en publiant "Marseille, le temps du changement" (Editions du l’Aube - 208p pour 6,5 euros - pas cher au kilo!!). Un livre où le candidat socialiste dialogue avec Jean Viard, le sociologue de renom ne servant ici que de faire-valoir. Alors quoi? Ben pas grand chose... On y apprend que Jean-No est un brave marseillais qui revendique aussi ses origines corses. Bien, d'accord, what else? Qu'il réussit à faire le grand écart entre une foi catholique réelle et un attachement aux valeurs laïques de la république, un peu comme Ségolène pendant la présidentielle. Bon. Qu'il veut être un maire à plein temps. Ok il l'avait déjà claironné depuis plusieurs semaines, fatigant au passage les journalistes qui attendaient d'autres réponses à leurs questions. Que le port autonome est le poumon économique de Marseille avec 20 000 emplois induits et qu'il tient au côté industriel des bassins Est. Bon ça aussi il l'avait déjà dit. Et qu'il est pour la piétonnisation du vieux port.

En clair, ce livre est d'abord un grand déballage, parfois indigeste, du candidat Guérini, un avant goût de son programme qu'il devrait rendre public le 6 février prochain. Et Jean Viard dans tout ça? Ben il fait ce que l'on lui a dit de faire: d'être une sorte de porte-micro de Guérini. Dommage, j'en attendais un peu plus de celui que je lisais sur les bancs de la fac.


A droite, Jean-Claude Gaudin a répliqué par une biographie écrite sous la plume de deux journalistes de France-Bleu Provence David Aussillou et Laurent Grolée. Ca aurait pu s'appeler "Gaudin sa vie son oeuvre" mais Jean-Claude a préféré "Une vie pour Marseille". Là encore, comme dans le bouquin de son rival socialiste, le Maire sortant ne nous apprend rien. On sait qu'il est fils d'un maçon modeste de Mazargues, qu'il est catho, qu'il a connu son premier émoi politique en écoutant Germaine Poinso-Chapuis, que c'est Defferre qui l'a intronisé au conseil municipal grâce à une ouverture politique. Le point de départ d'une carrière politique accomplie qui de cet ancien prof d'histoire-géo un conseiller général, un député, un ministre, un sénateur et même un président (de PACA et de MPM). D'ailleurs, si les deux journalistes de france-bleu avait été un peu moins complaisants, on aurait aimé quelques précisions sur l'élection de Jean-Claude au conseil régional de PACA grâce au soutien du FN de l'époque. Mais chut! Faudrait quand même pas démythifier et démystifier le monument Gaudin. Bref, cette biographie est pour le curieux que je suis un coup d'épée dans l'eau.
A quand la biographie-programme de Bennahmias?

jeudi 24 janvier 2008

Le terrible Leviathan de la mairie centrale



A 62 ans, Claude Bertrand pourrait aspirer à une vie paisible de retraité. Bedaine en avant, cheveux poivre et sel, grosses lunettes et costume-cravate classique, l'actuel directeur de cabinet de Jean-Claude Gaudin pourrait partir à la pêche au large du Frioul après une vie politique bien remplie. Parce qu'en 40 ans de carrière politique à Marseille, Claude Bertrand a tout connu ou presque. Mais malgré les coups, malgré les ennuis judiciaires, il reste parce que c'est un drogué du pouvoir.


"Imbu de lui-même et colérique"

Claude Bertrand n'a jamais été élu et n'a jamais suscité les faveurs des suffrages, restant toujours fonctionnaire. Certaines mauvaises langues diront qu'il préfère l'ombre à la lumière, son orgueil démesuré ne supporterait pas une défaite des suffrages. Il forme en cela la partie obscure du maire de Marseille. Autant Jean-Claude Gaudin aime la tchatche pagnolesque et la scène politique, autant son directeur de cabinet aime la discrétion rassurante de son bureau municipal. Après tout, pourquoi se mouillerait-il quand le tout-UMP marseillais se presse chez lui pour obtenir son adoubement?
Car c'est lui qui décide de qui sera candidat ou pas et en quelle position. Souvent, la décision tombe comme un couperet, sans discussion possible, unilatéralement. Pour obtenir ses faveurs, il vaut mieux ne pas le contrarier et faire le poing dans la poche. Y compris pour les proches du maire de Marseille. Même Jean Roatta, "ami de 30 ans" de Gaudin, a du mal à en placer une avec Claude Bertrand, connu pour ses colères homériques et sa rancune tenace. Celui qui se le met à dos a du souci à se faire pour sa carrière.

Une fronde anti-Claude Bertrand?

Un élu de droite confirme: "il est impossible pour moi de prendre rendez-vous avec Gaudin sans passer par la case Bertrand. Il veut tout contrôler, tout voir, tout savoir pour mieux protéger le maire. Et devant lui, il faut faire carpette car monsieur voit tout, sait tout et contrôle tout. On est dans un rapport de maitre à élève. C'est pénible de se savoir épié à ce point là alors que je connais depuis si longtemps le Maire".
Avec cette gestion ultra-centralisée de la droite et en ces périodes de constitution de listes, pas mal d'élus de droite s'interrogent. Plusieurs d'entre eux n'acceptent pas de voir leur carrière politique être soumise au bon vouloir de Claude Bertrand et ne sont pas prêts de faire "carpette" pour obtenir au final une place de conseiller de secteur. André Varrèse, longtemps très proche de Jean Roatta, lui, a franchi le pas. Il a rejoint la liste Guérini, alors qu'il a aidé Roatta à se faire réélire député en juin 2007 et qui se dit sarkozyste convaincu. Avec lui, les prémisses d'une fronde anti-Bertrand?

Mes ennemis les journalistes

Claude Bertrand a une autre particularité: il hait les journalistes. "Les journalistes de gauche et même les journalistes de droite. Il les accuse de ne pas faire correctement leur métier, de mentir, de vouloir porter atteinte au maire. Je ne compte plus les coups de fils que j'ai reçu de Bertrand, juste pour me mettre la pression après un article paru" souffle un journaliste. Pire, Claude Bertrand n'hésite pas à leur faire la leçon, quand les propos vus ou entendus ne lui plaisent pas. Lors des dernières législatives, en pleine soirée électorale, il n'a pas hésité à convoquer dans son bureau la jeune journaliste de LCM pour lui indiquer ce qu'il fallait dire et ne pas dire à l'antenne. Et de lui dire qu'il ne supportait pas Michel Samson, journaliste plutôt de gauche présent sur le plateau de la chaîne locale. Manière de mettre la pression. Le Léviathan de la mairie veut aussi contrôler les médias locaux et parfois nationaux (mais avec moins de succès). Et la liberté de la presse dans tout ça? Tant pis pour elle, pour protéger le Maire de Marseille, tous les moyens sont bons.
Cette volonté de mettre au pas les journalistes vient sans doute de l'affaire Saincené où Claude Bertrand s'est retrouvé dans la position incorfortable de l'accusé sous les yeux avides des caméras. Pour en savoir plus sur cette affaire:
http://www.humanite.fr
http://www.ina.fr







mercredi 23 janvier 2008


"Alors voilà ça y est! Il s'y met lui aussi, comme si il n'y avait déjà pas suffisamment de blog sur les municipales à Marseille".
Voici en substance ce que certains d'entre vous pourraient penser en arrivant sur "Marseille La campagne". Je suis d'accord qu'il y a déjà beaucoup de blogs sur le sujet mais, à mon goût, ils ne vont pas assez loin dans l'information. Plusieurs explications à ce phénomène. D'abord, la plupart sont des blogs de militants. Pro-gaudin, pro-guérini, pro-ci, pro-là, le contenu peut s'avérer intéressant parfois mais souvent il est loin d'être objectif.
"Marseille La Campagne" entend vous donner avec le plus d'objectivité les faits de cette campagne pour les municipales. Ces fameux à-côtés que les médias négligent faute de temps ou de volonté, mais qui constituent le sel d'une campagne et sont, le plus souvent, les clefs de compréhension des faits et gestes de chacun.
"Marseille La Campagne " ne milite pour aucune liste, aucun candidat. Il se veut libre dans ces propos, dans ces choix de sujets. Bref ce blog est indépendant.